Véronique Faucher

Toute jeune, Véronique Faucher, BCL/LLB’02, rêvait déjà d’une carrière internationale. « En cinquième année, notre professeur nous a demandé d’écrire ce qu’on voulait faire à 25 ans et de glisser notre note dans une enveloppe. Quand j’ai finalement ouvert l’enveloppe des années plus tard, j’avais écrit que je voulais être une journaliste internationale! », s’exclame-t-elle. Bien que Véronique Faucher ne soit pas devenue journaliste, elle a quand même mené une carrière très internationale et elle est actuellement conseillère juridique et secrétaire générale pour Redevco, une société de gestion d’investissement immobilière, à Londres.

Quand le temps fut venu d’aller à l’université, la Beauceronne a arrêté son choix sur McGill. « Je me suis dit que si j’étudiais le droit civil et la common law en anglais et en français, ça allait m’ouvrir toutes les portes du monde ». Elle admet qu’elle n’a posé sa candidature nulle part ailleurs : « J’étais un peu naïve à l’époque, mais cela a fonctionné pour moi! »

« Je me suis dit que si j’étudiais le droit civil et la common law en anglais et en français, ça allait m’ouvrir toutes les portes du monde. »

Elle a commencé ses études alors que démarrait le programme transsystémique de la Faculté de droit, ce qui a transformé sa perspective d’apprentissage universitaire. « J’ai suivi les cours d’obligations extracontractuelles avec les professeurs Daniel Jutras et Marie-Claude Prémont. Avant McGill, l’école m’avait appris qu’il n’y avait toujours qu’une bonne – et une seule – réponse. Mais avec ce cours transsystémique, en étudiant le droit civil et la common law en même temps, j’ai réalisé qu’il n’y avait pas qu’une seule réponse ni une seule perspective, et qu’il y avait toujours de la place pour un débat. »

Après les études, c’est au sein du groupe corporatif de Stikeman Elliott à Montréal que Véronique Faucher a atterri, travaillant sur des dossiers de transactions financières d’entreprises, d’introductions en bourse et d’offres publiques d’achat. « C’était incroyable de commencer ma carrière chez Stikeman, explique-t-elle. Ils investissent beaucoup dans notre avenir professionnel et j’ai eu des mentors extraordinaires. C’était un excellent endroit pour mettre en pratique les connaissances juridiques que j’avais apprises à McGill et pour acquérir toute une diversité d’expériences. »

Elle continuait toutefois de caresser le rêve d’une carrière internationale. Après cinq ans chez Stikeman, elle a fait le saut vers Moscou, devenant avocate en investissement corporatif pour la banque Renaissance Capital – en plein milieu de la crise économique de 2008. Ce revirement a joué un rôle crucial en l’orientant, un peu par hasard, vers la gestion d’investissements. « Au début de ma carrière chez Renaissance, je travaillais sur les transactions financières. Cependant, la crise a fait chuter le nombre de transactions, donc on avait moins besoin de services juridiques sur ce plan. » Toutefois, Renaissance Capital avait aussi une filiale de gestion des investissements qui a avait besoin de soutien… et le reste appartient à l’histoire! Véronique a vite réalisé à quel point elle aimait la gestion d’investissements, surtout les obligations fiduciaires. « Je suis fière de jouer un rôle très important en protégeant les intérêts de ma clientèle, » dit-elle.

« De plus en plus, notre contribution à l’entreprise va plus loin que de prodiguer des conseils juridiques et techniques. Mes collègues me voient comme la gardienne des valeurs de la compagnie. »

C’est depuis 2016 que Véronique occupe son rôle en tant que conseillère juridique et secrétaire générale chez Redevco. « J’étudie les propositions d’investissement, je règle les problèmes et je reste à l’affût des écueils possibles. » Comme elle gère une équipe paneuropéenne, elle doit garder un contact régulier avec ses collègues : « ils sont mes yeux et mes oreilles dans les pays où on opère! » Et puis il y a l’aspect international de son travail : elle quitte Londres souvent pour se rendre dans les différents bureaux de Redevco à travers l’Europe. « Bien qu’il y a une certaine routine autour des cycles d’affaires, il y a aussi beaucoup de variété, » dit-elle.

Véronique a également remarqué une évolution du rôle de l’avocat au sein d’une entreprise : « De plus en plus, notre contribution à l’entreprise va plus loin que de prodiguer des conseils juridiques et techniques. Mes collègues me voient comme la gardienne des valeurs de la compagnie. Quand tu es toi-même proche des valeurs de la compagnie, tes collègues te font confiance pour les conseiller de cette manière aussi. »

En dernière analyse, Véronique Faucher ne cache pas que ses études en droit à McGill lui ont appris à poser des questions pertinentes, et à s’intéresser aux différentes perspectives et possibilités qu’offrent différents systèmes juridiques. « Ma formation m’a permis d’être une avocate à l’esprit ouvert, ce qui m’aide beaucoup dans ma carrière. J’ai des collègues dans des juridictions de common law et dans des pays civilistes. Parfois, je constate qu’il existe des préjugés par rapport à l’un ou l’autre système juridique. Mais grâce à McGill, je suis capable de voir les deux côtés de la médaille et même de traduire le problème juridique pour chaque côté en expliquant la raison derrière l’autre façon de faire. »

Entrevue : Sarah Huzarski
Révision : Lysanne Larose