Panel sur la course aux stages: Julien Lefebvre, Jonathan Nuss, Alexandra Carbone, Natai Shelsen et Svetlana Samochkine sont venus partager leurs expériences avec les étudiants.

Et c’est parti! Chaque printemps, les étudiants qui veulent faire un stage dans un cabinet québécois s’engagent dans un processus de recrutement intense appelé la Course aux stages. Focus online vous amène en coulisses avec la nouvelle directrice du Centre de développement professionnel, Maryse Chouinard.

Maryse Chouinard, BCL /LLB ’00, se souvient du moment où elle a décidé de poser sa candidature pour un poste de stagiaire lors de sa deuxième année de droit à McGill.

Informellement appelé la course aux stages, le processus de recrutement pour trouver un emploi au sein d’un cabinet du Québec s’entame en février avec un CV fraîchement fourbi, se poursuit en mars avec un carnet de rendez-vous bourré d’entrevues, de cocktails et de soupers avec des associés, et se conclut idéalement avec une ou deux offres d’emploi en main en bout de course.

Me Chouinard, qui avait postulé auprès de trois cabinets régionaux, a trouvé l’expérience révélatrice : « C’était intéressant, formateur et un peu stressant, se souvient-elle en riant. J’en ai appris beaucoup sur moi-même et sur mes collègues; sur qui était plus compétitif, qui était plus coopératif…! »

C’est ainsi que Me Chouinard a décroché un poste chez Nicholl Paskell-Mede (aujourd’hui Clyde & Co) et y a passé les trois étés suivants comme étudiante avant d’y compléter son stage et de s’y joindre comme avocate et recherchiste après son admission au Barreau du Québec.

Maryse Chouinard Maryse Chouinard: Le rôle du CDO, « c’est d’accompagner les étudiants jusqu’au pont, mais ensuite c’est à eux de le traverser. »

Après quelques années, elle a changé de trajectoire en effectuant un stage en journalisme à la Presse et en devenant journaliste-pigiste pour Le Devoir et le Journal du Barreau du Québec, avant de marier ses deux passions – la communication et le droit – chez Éducaloi, un organisme à but non lucratif qui travaille à mettre à la disposition du public de l’information juridique de qualité, diffusée dans un langage simple et accessible.

Me Chouinard est revenue à McGill au cours de l’automne 2011 après avoir accepté le poste de directrice du Centre de développement professionnel. Elle apporte à la Faculté une passion pour les communications et veut s’assurer que les étudiants aient du soutien tout au long de leur démarche de recherche d’emploi, alors qu’ils explorent les possibilités de carrière qui s’offrent à eux.

« Je suis soucieuse d’améliorer nos communications pour que l’information soit claire, explique-t-elle, que ce soit sur les possibilités de transferts d’un barreau à l’autre, ou sur les processus complexes de recrutement dans différentes régions du Canada! »

Pour aider les étudiants à se préparer pour les entrevues liées à la course aux stages, elle a récemment organisé une session d’information avec de nouveaux diplômés et des stagiaires, qui ont partagé leurs expériences avec les étudiants.

Plus d’une centaine d’étudiants participent à la course aux stages cette année et la session a fait salle comble. Les panélistes ont répondu à une foule de questions sur une foule de sujets, allant du nombre de demandes qu’une candidate devrait déposer, à la façon de se comporter lors d’un cocktail avec les associés d’un cabinet.

Alexandra Carbone, avocate chez Osler, a souligné l’importance de démontrer son bilinguisme. « Les entretiens peuvent s’effectuer en anglais ou en français. Même si votre CV et votre lettre de motivation sont en anglais, votre entrevue pourrait fort bien se dérouler en français, ou vice-versa, dit-elle. Si vous avez des faiblesses dans une langue, je vous recommande de bien pratiquer les expressions qui apparaissent dans votre CV et de vous habituer à les formuler dans l’autre langue. »

Julien Lefebvre, stagiaire chez Stikeman Elliott, a parlé des défis de se mettre en valeur, que ce soit lors d’une entrevue formelle ou d’un événement moins structuré : « Lors d’une de mes deuxièmes entrevues, les avocats m’ont dit, ‘On n’a pas lu ton CV – parle-nous de toi…’ Et alors tu tentes de raconter une histoire sur toi qui soit intéressante. Ensuite ils m’ont demandé, ‘Parle-nous de tes valeurs,’ et tu essaies de te répéter sans te répéter. »

« Après la deuxième entrevue, il y a des événements tels les cocktails, a-t-il ajouté. Bien entendu, il faut se vendre, mais c’est plus détendu et on peut vraiment montrer qu’on est quelqu’un d’agréable et capable de tenir une conversation. »

Les cocktails et soupers sont caractéristiques du processus. D’ailleurs, parmi la foule d’activités qu’elle planifie, souvent en collaboration avec les cabinets de Montréal, l’Association des étudiantes et étudiants en droit de McGill organisait en février, grâce au soutien de Stikeman Elliott, un atelier sur les bonnes manières lors de dîners officiels : comment utiliser les multiples ustensiles et verres à vin, comprendre la position toujours déroutante de l’assiette à pain, et engager la conversation avec les autres convives.

Mais la course aux stages, tout comme d’autres processus de recrutement organisés tels que ceux de l’Ontario, de New York et d’ailleurs, n’est qu’une des activités dont s’occupe le Centre de développement professionnel, souligne Me Chouinard, qui s’attend tout de même à ce que les étudiants prennent eux-mêmes en main certains aspects de leur exploration de carrière.

« Notre rôle, c’est un peu accompagner les étudiants jusqu’au pont, mais ensuite c’est à eux de le traverser, » dit-elle.

« Nous n’allons pas solliciter des employeurs pour eux, faire des recherches factuelles ou identifier quels employeurs en particulier pourraient les intéresser en fonction de leur profil. Les étudiants ont un certain travail personnel à faire de leur côté, mais une fois qu’ils ont une meilleure idée des carrières qui les intéressent, nos rencontres avec eux sont plus productives. On les aide à voir comment s’y prendre et à peaufiner leurs stratégies. »

Article et photo du panel: Victoria Leenders-Cheng
Traduction et portrait de Maryse Chouinard: Lysanne Larose