Soixante ans d’excellence : La Revue de droit de McGill s’éclate!

Un jour d’automne, il y a 60 ans, un étudiant de la Faculté de droit de McGill a constaté qu’il n’existait au pays aucune publication scientifique où faire paraître des travaux de recherche juridique. Cet étudiant, c’était Jacques-Yvan Morin (BCL’52), qui serait plus tard ministre sous le Parti québécois et vice-premier ministre du Québec. C’est ainsi que la Revue de droit de McGill (la Revue) a vu le jour; aujourd’hui, la Revue est une publication phare et l’un des plus vieux périodiques juridiques canadiens gérés par des étudiants.

L’anniversaire a donc été dignement célébré le 12 octobre dernier dans le cadre d’une soirée Coffeehouse. L’événement coïncidait par ailleurs avec d’autres étapes historiques à la Faculté : le Week-end inaugural des « Retrouvailles à la Faculté », le 10e anniversaire du Programme de McGill, ainsi que le centenaire de l’Association des étudiants en droit de McGill.

La Revue de droit de McGill a souligné ses 60 ans avec une soirée Coffeehouse et de délicieuses friandises.

« La Revue de droit de McGill est fière de ses 60 ans de ponctuation impeccable, » a lancé à la blague sa rédactrice en chef actuelle, Marie-Ève Goulet. L’étudiante de troisième année, originaire de Sherbrooke, s’est adressée à la foule d’étudiants et d’anciens qui s’étaient réunis dans l’atrium pour savourer une montagne de petits gâteaux décorés aux couleurs de la Revue. Bière et bonne humeur étaient aussi au rendez-vous.

Sur un ton plus sérieux, Marie-Ève Goulet a ajouté : « Nous sommes toujours en quête d’excellence à la Revue et nous continuerons à publier les meilleurs articles juridiques qui soient. Ce qui a débuté comme un projet pilote en 1952 s’est transformé en une aventure qui dure maintenant depuis 60 ans. »

Marie-Ève Goulet est aujourd’hui à la tête de cinq rédacteurs en chef adjoints, 12 rédacteurs et 19 membres du comité adjoints, qui ensemble composent avec les rigueurs de leurs études tout en faisant paraître l’une des publications les plus citées par la Cour suprême du Canada.

Cette réputation d’excellence s’étend d’ailleurs aussi aux rédacteurs de la Revue, comme en font foi  leurs réalisations subséquentes.

Mentionnons Morris Fish (BCL’62, LLD’01), juge à la Cour suprême et professeur auxiliaire à la Faculté, Irwin Cotler (BCL’64), le député libéral qui a été ministre fédéral de la justice et  procureur général, et Richard Pound (BCL’67, LLD’09), olympien et ancien Chancelier de McGill : trois noms bien connus qui ont fait leurs débuts à la Revue.

Nombre des bienfaiteurs de la Faculté, comme Gordon Echenberg (BCL’64), David O’Brien (BCL’65), Philippe Lette (BCL’68), Joel King (BCL’71, LLB’71),  Alexander Konigsberg (BCL’56), Susan Wells Tunnel (BCL’96, LLB’96) et Charles Flam (BCL’66), ont également été rédacteurs à la Revue, tout comme Yoine Goldstein (BCL’58), un bénévole de la Campagne de financement McGill.

On ne sera pas étonné d’apprendre que plusieurs étudiants qui y ont travaillé sont par la suite devenus des universitaires, comme certains de nos anciens doyens – John Brierley (BCL’59), Stephen Toope (BCL’83, LLB’83) et Nicholas Kasirer (BCL’85, LLB’85) –,  les professeurs Armand de Mestral (BCL’66), Stephen Scott (BCL’66), David Lametti (BCL’89, LLB’89), Geneviève Saumier (BCL’91, LLB’91), Adelle Blackett (BCL’93, LLB’94), Robert Leckey (BCL’02, LLB’02), ainsi que Patrick Healy (BCL’81), aujourd’hui juge à la Cour du Québec.

Le professeur auxiliaire Peter Nesgos (BCL’79, LLB’80, LLM’82, DCL’84),  qui préside le comité de développement de l’Institut de droit aérien et spatial, et Marc Barbeau (BCL’84, LLB’85), bienfaiteur et chargé d’enseignement, restent actifs à la Faculté.

Stuart (Kip) Cobbett (BCL’72), quant à lui, dirige le Conseil des gouverneurs de McGill, sur lequel siège une autre ancienne de la Revue, Martine Turcotte (BCL’82, LLB’82), vice-présidente chez BCE.

« Clairement, on ne compte plus le nombre d’anciens rédacteurs de la Revue qui ont réalisé de grandes choses en droit, en politique et dans le milieu universitaire après leur passage à McGill », a lancé le doyen Daniel Jutras lors de la soirée. « Je suis heureux d’en voir plusieurs parmi nous ce soir.»

Du haut de ses 60 ans, la Revue n’a rien perdu de sa vigueur et continuera sa mission d’excellence, a expliqué Marie-Ève Goulet : « en publiant des articles portant sur des questions juridiques d’actualité, qui, pour ce volume, porteront sur l’éco-terrorisme utilisant l’argument de défense de nécessité et le mouvement de protestation Occupons dans le contexte de l’espace public. »

Se voulant moderne, la Revue entreprend aussi un virage vert et remplacera son vieux photocopieur avec un numériseur comme outil principal de vérification des références, lequel processus a, par le passé, englouti rame après rame de papier.

La Revue prévoit également rendre disponibles de nouvelles entrevues en  baladodiffusion sur iTunes U, et a invité Me Sylvain Lussier, l’ancien procureur en chef de la Commission Charbonneau à prononcer sa conférence annuelle le 29 octobre prochain.

Qui plus est, la Revue fait l’objet d’un livre qui paraîtra sous peu. Dans The Journal: 60 years of people, prose and publication (8th House Publishing, Montréal), James Cummins nous fait découvrir l’histoire de la Revue. L’auteur a réalisé plus de 70 entrevues avec d’anciens rédacteurs – dont certains sont octogénaires et nonagénaires – et a fait des fouilles d’archives minutieuses pour nous raconter l’histoire de la Revue et son rôle dans la pensée juridique au Canada.  « J’ai voulu montrer l’importance de la Revue pour la société, pour McGill et pour la Faculté de droit, » explique James Cummins.

Le livre commente plus de 200 articles publiés par la Revue dans les 60 dernières années, y compris plus d’une trentaine rédigés par des juges de la Cour suprême. Bien qu’il trouve difficile d’en choisir un en particulier, James Cummins admet que l’un des plus mémorables reste à ses yeux un article datant de 1971 par John Peters Humphrey (BCL’29, LLD’76), s’intitulant “The Main Functions of the United Nations in the Year 2,000 A.D.” (RDM 17:1, 219).

« Ici, le premier auteur de la Déclaration universelle des droits de la personne explique candidement ce qu’il pense de l’ONU et fait des prédictions sur son rôle éventuel dans le monde, » explique James Cummins. « C’est remarquable!  »

Voilà qui est presque aussi remarquable, pourrions-nous dire, que la revue étudiante qui l’a publié.

Longue vie à la Revue!

Texte de Bridget Wayland
Traduction et photos de Lysanne Larose