Dennis Galiatsatos, BCL/LLB’04

Ci-haut: Dennis Galiatsatos, BCL/LLB’04, procureur de la Couronne

Un programme qui jumelle étudiants en droit avec criminalistes leur donne un aperçu des dimensions humaines du processus juridique

Par Victoria Leenders-Cheng

Nathalie Gauthier, une avocate de l’aide juridique, est assise en face d’un jeune homme renfrogné et encore presque imberbe. Il est accusé du vol d’une voiture et il a plaidé non coupable, mais ce n’est pas son plus gros problème en ce moment. En fait, il se cherche du travail pour pouvoir quitter la maison familiale, mais sans succès. « Ils veulent toujours que je présente un CV! s’exclame-t-il. Ça m’énerve. Je ne veux pas faire un CV! »

Pour Saeid Behi, être témoin de tels moments lui rappelle pourquoi il a entrepris des études en droit. Monsieur Behi, un expatrié iranien de 38 ans qui arrive de France, en est à sa deuxième année en droit à McGill.

« À l’origine, je voulais étudier le droit pénal. C’est peut-être parce que quand j’étais jeune, j’ai vu le film Le Parrain et cette image d’un avocat qui dégage un certain charisme, est restée avec moi, » explique-t-il en souriant. « Mais parfois, dans le décalage entre ceux qui étudient le droit et la réalité de ce qui se passe sur le terrain, on oublie que le droit pénal est aussi une histoire humaine. »

Quand Saeid Behi a commencé ses études à McGill, il s’est découvert des intérêts pour d’autres domaines du droit. Il a donc décidé de participer au Programme de jumelage en droit pénal pour voir comment les choses se passent en pratique et vérifier s’il est toujours intéressé par le droit pénal.

Ce programme, dont les activités sont organisées par Droit Criminel McGill (Criminal Law McGill) et par le Centre de développement professionnel de la Faculté, réunit jusqu’à quatre étudiants avec un avocat spécialisé en droit criminel pour une journée d’observation. Parmi les avocats qui se rendent disponibles aux étudiants, on compte Nathalie Gauthier, qui travaille pour le Centre communautaire d’aide juridique de Montréal, et Dennis Galiatsatos, BCL/LLB’04, un procureur de la Couronne pour la Direction des poursuites criminelles et pénales du Québec.

« Je leur parle de tout : salaire, heures de travail, questions de sécurité, » explique Me Galiatsatos, ajoutant que les étudiants ont un accès complet durant la journée de jumelage, que ce soit pour observer des négociations avec les avocats de la défense, le dépôt de requêtes ou la rencontre avec les témoins après une déposition en cour. C’est ainsi que lors d’une journée de jumelage en novembre, Me Galiatsatos, se hâtant à travers les corridors du Palais de justice, un énorme paquet de dossiers sous le bras et un bouquet de surligneurs au poing, expliquait ses activités et gestes au fur et à mesure.

Saeid Behi (à gauche), étudiant de 2e année en droit, a passé une journée une journée au Palais de justice à observer Me Nathalie Gauthier (à droite), avocate du Service d’aide juridique.

Et la semaine suivante, Saeid Behi suivait Me Gauthier alors qu’elle rencontrait les procureurs de la Couronne et ses clients pour discuter de leur dossier. Durant cette journée, Saeid a pu observer un homme accusé de possession de marijuana s’animer subitement quand il a été question de ses trois enfants; il a ressenti la frustration du jeune homme incapable de décrocher un emploi; et il a partagé l’émoi d’une femme qui venait d’être acquittée. « Elle était tellement émue qu’elle s’est mise à pleurer, dit-il. Moi aussi, j’étais ému et, après, je me suis demandé comment je pourrais faire mon travail d’avocat si je suis si ému! »

Finalement, l’expérience du jumelage a permis à Saeid de faire le lien entre ce qu’il a appris en classe et la réalité de la pratique. « La plupart des décisions que nous avons étudiées dans mon cours de droit criminel étaient horribles – un homme qui a tué sa femme ou quelqu’un qui en décapité un autre. Mais ici, on réalise qu’il y a aussi une dimension humaine à tout ça, et que pour la plupart des gens, le processus pénal a un impact énorme sur leurs vies. »

Depuis janvier 2011, c’est le club étudiant Droit Criminel McGill (McGill Criminal Law) qui supervise exclusivement ce programme et s’occupe de réaliser les contacts entre les étudiants et les avocats.  Veuillez écrire à clm.dcm@gmail.com pour plus de renseignements.

Traduction de Lysanne Larose. Photos par Victoria Leenders-Cheng.