René Provost attempting to ford a river during the family’s travels across Argentina.
There is a winery in Patagonia called Bodega del Fin del Mundo, which produces a very nice, rich Malbec as well as a fruity Sauvignon Blanc. While people here usually refer to the ‘fin del mundo’ to mean Tierra del Fuego or at the very least Patagonia, the country as a whole has a certain feel of being far removed from anything beyond the neighbouring states. Even in Buenos Aires, sophisticated and dazzling in many ways, one generally senses only a fleeting interest in, or awareness of, what goes on elsewhere (“Libya, you said…?”).
Being here for one year with three children for whom the idea of three summers in 12 months was an irresistible proposition, we decided to occupy the overly-long summer Christmas holiday by exploring the ‘fin del mundo’ of Argentina. When we first arrived and mentioned to people that we came from Canada, many locals remarked “oh yes, everything works there, right?” We were initially puzzled by the question. Over the months, and in particular in the preparation and execution of trips beyond Buenos Aires to explore the rest of the country, the meaning of a comment suggesting that things don’t work so well here became increasingly clear.
An Argentinean friend once remarked that there is nothing to see outside Buenos Aires unless you drive at least 1000 km. Indeed, most Porteños do not drive anywhere, preferring to fly in order to skip over the largely empty portions of the country. For us, the opposite was the case. Given that the places in-between are often those which reveal the most about a country, we were keen to have a look at ‘fly-over’ territory.
Planning a trip in Argentina, like planning nearly everything in this country, can be an exercise in frustration, if not in anger management. To begin with, there is no indigenous travel guide to parallel Lonely Planet, Rough Guide, Frommers, Guide du routard, etc, resulting in a dependence on a combination of foreign guides and google searches. This leaves enormous swaths of unchartered territory in which finding a place to sleep ahead of time has proven astonishingly daunting and time-consuming in its complexity.
Prendre la route en Argentine, à bien des égards, c’est prendre sa vie entre ses mains. Si votre réservation chez la compagnie de location de voiture n’a pas été égarée, il faut d’abord réussir à sortir de la capitale. Cette ville gigantesque a donné naissance à son propre code de la route coutumier, et comme toute forme de normativité relative et inférencielle, il peut être difficile aux étrangers d’en saisir les subtilités; après huit mois à Buenos Aires, par exemple, la règle de priorité aux intersections nous échappe encore, un mélange de priorité à droite et d’intimidation brute, avec le résultat qu’on hésite entre s’arrêter à chaque coin de rue ou foncer sans ralentir. Toutes les routes en Argentine mènent à Buenos Aires, et les quelques autoroutes qui existent dans le pays rayonnent généralement de la capitale vers les provinces. Ainsi, on peut commencer son voyage, une fois sorti de la ville, dans le confort relatif d’une autoroute pour les premiers 100 à 400 kilomètres, avec les cyclistes, piétons, et autres carrioles comme seuls obstacles à éviter.
Cela dit, il nous est arrivé de buter contre ce que les Argentins appelle des ‘cortes’, une manifestation quelconque à l’occasion de laquelle un groupe dispose un mur de pneus enflammés ou autre obstacle au travers de l’autoroute. On doit alors ou traverser le terre-plein pour repartir en sens inverse, ou encore revenir en sens contraire jusqu’à la dernière sortie (une expérience angoissante), pour s’aventurer dans la campagne à la recherche d’une manière de contourner la corte. Comme les cartes routières laissent passablement à désirer et que les cortes sont habituellement stratégiquement positionnées sur des ponts, cela se traduit parfois par des heures d’égarement dans la campagne. Mais les autoroutes sont un luxe de courte durée, et la vaste majorité d’un voyage hors de la capitale se déroule sur des routes secondaires. Ce sont donc des milliers de kilomètres à négocier entre d’innombrables camions-remorques roulant à 50 ou 60 km/h et les SUVs descendant rarement en deçà de 120km/h, pour ne rien dire de tout le bétail qui broute paisiblement sur l’accotement mais qui parfois trouve l’herbe plus attrayante de l’autre côté de la route. L’Argentine souffre d’un taux de mortalité routière considérablement plus élevé que ses voisins, et il n’est pas difficile d’en saisir la cause. Nous avons-nous même presque fait un face-à-face en Patagonie avec une dame d’un certain âge qui, dans sa voiture d’un âge certain, tentait de dépasser un autobus et une ambulance à 130km/h et qui a fini dans le champ pour nous éviter!
L’Argentine, comme le Canada, est un pays de grandes distances pour lesquelles il vaut mieux planifier. L’approvisionnement en essence pose un autre défi particulier au voyageur : en Patagonie, entre les nombreuses stations d’essence abandonnées de longue date, on se bute souvent à des files de 30-40 voitures attendant patiemment pour faire le plein (peut-être par habitude, les gens sont immanquablement très patient pour faire la queue dans ce pays).
Lors d’un autre voyage à Salta, au pied des Andes, notre retour vers Buenos Aires a été bousculé par le fait que les citernes de toutes les stations d’essence de Cafayate (une destination touristique importante) étaient vides. « Il y a un garage dans la prochaine ville avec de l’essence », nous a-t-on assuré avec optimisme mais, quarante kilomètres plus loin, même refrain : toute la région était à sec. Nous avons heureusement pu traverser un col de montagne (à 3600 mètres, quand même) et redescendre au neutre pour rouler jusqu’à une ville ou nous avons finalement trouvé à nous ravitailler. À entendre l’histoire, le garagiste a simplement haussé les épaules en souriant : « Asi es Argentina » (« telle est l’Argentine »), une expression que l’on entend souvent ici.
La région n’était par ailleurs pas à sec à d’autres égards : au-delà du vin local, délicieux, les routes de la région de Salta sont fréquemment traversées par des ‘badenes’, où la route traverse le lit de rivières qui est inondé lors de pluie dans les montagnes. Comme il pleut presque chaque jour pendant les mois d’été, on ne peut jamais savoir si un chemin est passable, ou s’il le restera pour le retour quelques heures plus tard. La plupart des locaux voyagent dans des pick-ups 4×4 surélevés, et on comprend rapidement pourquoi à tenter des les suivre en petite voiture dans des zones inondées de profondeurs incertaines qui peuvent s’étendre sur des centaines de mètres de route. Il se créé alors des petites caravanes, les voitures attendant de voir passer un 4×4 pour vérifier si le niveau d’eau dépasse 30-40 cm, au-delà duquel on ne passe pas. Nous avons pu constater que les moteurs de certaines marques (Mercedes, Fiat) se noient plus facilement que d’autres (Peugeot, Volkswagen); une information qui risque de ne pas nous être très utile de retour à Montréal, mais enfin, on ne sait jamais…
The starkness of the difference between Buenos Aires and the rest of the country is arresting. While every major and not-so-major Argentinean city is bordered by shantytowns, just like those in Buenos Aires, and the gas shortages affect the capital as well as the provinces, Buenos Aires stands apart. It is easy to forget the challenges facing Argentina when surrounded by avenues remindful of Paris or London, bordered by cool cafés and designer clothing stores. If you talk to Argentineans long enough, however, they will often confide that they feel like they are living their own fin del mundo, social and economic rather than geographic. Although scars of the torture and extra-judicial killings under the dictatorship are still very near the surface, people nowadays mostly feel betrayed by a governing class that has squandered what was once a prosperous and secure country. They do say that their world has ended – buried under inflation, corruption and insecurity – but no one is sure what is to take its place.
All photos from the Provost-Van Praagh family.